L'ami des aurores
par Yehoshua Ra'hamim Dufour
Visites d'amitié
Elle
Même dans le silence et à distance,
l'ami est présent, accompagne, entend, voit, comprend, encourage et soutient ;
il est sans cesse une main présente posée près de la mienne,
une caresse lente quand ma joue tremble,
une épaule où je dépose comme sur un tapis, comme dans une hotte,
peines, colères, peur et rages, et mes larmes,
c'est un port abrité et confiant, une prière permanente sur ma vie.
L'ami, c'est celui qui n'est pas "les autres", qui n'est pas comme "les autres"
parce qu’il est "TOI", pas les autres hommes, pas "comme les autres"
mais une merveille particulière paufinée par le Créateur.
L'ami, c'est une campagne calme avec un ruisseau lent
de mots calmes et confiants, aimants et apaisants.
L'ami, c'est un vent doux et parfumé,
pas plus menaçant que le mouvement incessant
de son cœur qui le berce dans sa main en dormant ;
il ne reproche pas à son cœur de penser à lui tout le temps
et d'être simplement bon dedans.
L'ami, c'est une cheminée dans la soirée où un feu flambe,
doux et chaud, et qui prête à rêver ensemble
et à se donner des mots de Torah souvent.
L'ami, c'est pour les jours de bon temps,
pour le soleil sur la neige au printemps
quand le Ciel y allonge les robes des mariées,
c'est pour les marches dans les herbes de la montagne,
pour les rêveries allongés dans les prairies,
pour se blottir les jours de mauvais vent froid
ou sous les bourrasques aux attaques glacées.
L'ami, c'est aussi sûr et toujours
que son bras maintenant
sur lequel il repose sa tête en dormant.
L'ami, c'est tout ça, moins tout ce qu'on ne se donne pas.
Ce n'est rien qu'un présent de Hachém lui-même
pour aider doucement doucement doucement,
et se parler gentiment, ou en explosant.
L'ami, c'est le don et l'accueil, ce n'est pas de l'argent. C'est du temps.
Garde-le bien ce présent, rare trésor, infiniment.
Garde-le bien, même dans le silence et à distance.
Chamor vézakhor.
N'y renonce jamais, ni dans le temps ni dans l'éternité.
Lui
Pour mon amie, je suis
une vraie maison, bleue rose ou jaune,
si calme, et les chemins sont des ruisseaux
où je lui montre les feuilles d'iris qui caressent les jambes,
et les fleurs des prairies qui envahissent l'asphalte.
Elle rira toujours de voir avec son ami tout cela que les gens ne savent pas,
les murs des maisons y sont des frondaisons
de chêne, de rosiers et de bougainvilliers.
C'est un monde si bon, si doux, l’amitié,
si grand si musical si large et calme calme,
et lorsqu'elle aura des peines,
elle s’en souviendra et courra vers ces paysages
qui descendent même quand mon épaule est lointaine.
Elle retrouvera quelques feuilles vertes,
et des oiseaux qui volent entre ses doigts
pour l’assurer encore de ses forces chaudes.
Elle reconnaîtra les petites biches qui courent
auprès d'elle quand elle marche dans la ville,
et les chats ronds qui dorment sur les fenêtres.
Elle reconnaîtra, rien qu’en pensant à moi,
sa taille immense dans le regard de D.ieu
et l'horizon du temps où Il a préparé
les tables d’amis et les mariages bleus
et les danses, et les robes suspendues
dans l'armoire éternelle des fiancées sereines.
Pour une amie, l’ami est simplement un léger soupir,
posé là dans la musique divine,
silence, élan, caresse invisible,
pause calme, calme, calme, calme et pardon reçu tout-de-suite.
Pour l’ami et l’amie, se découvrent les immenses cascades
de diamants, de saphirs et de topazes, de corindon et de béryl
qui descendent dans sa prairie pour lui donner
les forces sûres, larges, riches,
directement sorties du trésor de notre Père infini.
Par l’amitié, l’amie sera sûre que D.ieu a regardé ses lèvres et ses yeux
pour dessiner les courbes des collines et les cœurs
et les ailes des oiseaux et la forme des gouttes d'eau,
et la courbe parfaite du youd qui a tout créé
en un baiser sans fin d’éternité.
Pour rire et pour sourire toujours.
Quelle bonne idée : avoir créé l’amitié.