On se souvient de son visage fermé et marqué où la déception se lisait au fond de son regard, l’an dernier, à l’issue de la finale de Top 14 entre Toulouse et Toulon remportée par les toulousains (18-12) après avoir laminé la mêlée toulonnaise. Une frustration terrible pour le colosse sud-africain, vexé, touché dans son amour-propre, lui, le guerrier de Pretoria obligé de baisser la tête et de s’engouffrer dans le couloir du Stade de France sans mot dire. «Cette finale, je ne l’avais pas oubliée, il y avait donc de la revanche dans l’air», a-t-il confié vendredi soir, à Nantes, à l’issue de la demi-finale remportée par les nouveaux champions d’Europe. Une victoire marquée du sceau de Bakkies Botha, énorme, terrifiant, tout au long de la rencontre. «Cette revanche, je l’attendais depuis longtemps. Quand on est de Toulon, souffrir dans le combat devant comme cela avait été le cas l’an dernier en finale, c’est terrible. Là, les compteurs sont remis à zéro», poursuit l’ancien Springbok (76 sélections) qui aura donc été un des grands artisans de la victoire toulonnaise dans la nuit nantaise. Alain Gaillard, ancien coach de Castres et Clermont, a été époustouflé comme tous les observateurs par la prestation de Botha. «Il a été énorme. Dans le combat, les déplacements, les fondamentaux, il maîtrise tout, il est terrifique.»
Les toulousains peuvent témoigner, eux qui ont été martyrisés par la puissance et la détermination de Botha à l’image de Kakovin ou de Médard, «dézingués» par les plaquages dévastateurs du Sud-Africain qui s’est multiplié sur tout le terrain, repoussant tous les assauts, étouffant toutes les velléités. Même ses accrochages avec Maestri ne l’ont pas sorti du match.
Bernard Laporte ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur son vieux briscard (33 ans). Le manager du RCT loue son professionnalisme : «Bakkies est un joueur exemplaire, à tous les niveaux. Avec son compère Danie Roussow, ce sont de vrais soldats. Tu leur dis «on s’entraîne», ils s’entraînent. Tu leur dis «on récupère», ils récupèrent. Tu leur dis «on boit une bière», ils boivent une bière», s’amuse Bernard Laporte pour illustrer le comportement ultra pro des Sud-Africains. «Ce type, son professionnalisme à outrance, c’est de la folie !»
«Il a transformé le poste»
Mais les résultats sont là. Et Bakkies Botha aujourd’hui est sans doute la référence sur le poste sur le Vieux continent. Denis Charvet, l’ancien virtuose toulousain, aujourd’hui consultant chez nos confrères de RMC, en est persuadé : «Je suis plutôt admiratif des Huget, Médard, Poitrenaud mais Botha, il m’impressionne. Il représente l’évolution du rugby de demain avec de super-athlètes. On va avoir des prototypes de joueurs de son calibre. Vous regardez son match contre Toulouse, on ne sait pas s’il est deuxième ligne ou troisième ligne ou trois-quarts. Il a transformé le poste. C’est un joueur atypique par son abattage, son engagement. Je n’ai jamais vu un deuxième ligne faire ça. Il a tout, il est le patron partout.» Et avec un patron comme lui, Toulon peut avancer sereinement vers le Stade de France. Pas sûr que cette fois, Bakkies Botha en ressorte la tête basse.
Je prévois un arrêt de travail du président Hollande a partir de lundi matin. Après avoir serré les mains de Bakkies BOTHA et Danie ROSSOUW (près de 4 mètres de haut et 240 kilos à eux deux) il aura les os de la main droite fracassés !
Marcel Rufo: "Je prescris aux toulonnais d'être fous du RCT".
Attention, quand Marcel Rufo tombe la blouse de professeur pour le maillot de supporter, ça décoiffe. Interview perchée d’un inconditionnel du RCT !
Côté ovale, on le connaissait « un pô agitato » dans les colonnes d'un journal spécialisé, mais là, on ne le tient plus Marcel ! Carrément fou d'amour pour son RCT le grand pédopsychiatre, raide dingue de cette équipe qu'il supporte depuis plus de 60 ans et qui est en passe de réussir un incroyable doublé. Plus toulonnais que jamais, « Celou » la voudrait maintenant sur le toit du monde... Il sera samedi au Stade de France, en tenue de gala, tout à côté du président de la République, pour assister avec ses yeux d'enfant, au sacre des nouveaux seigneurs de la Rade. Car l'histoire, son histoire, est trop belle pour finir autrement ! L'idée est de vous faire parler en tant que supporter et en tant que psy... (Il nous coupe!)
Marcel Rufo: Alors le psy, c'est plutôt pour Clermont qu'il en faut un ! Je leur ai conseillé un de mes internes qui maintenant est professeur à Clermont-Ferrand. Honnêtement, ils ont besoin d'une cellule de crise. Ils croient, je pense, qu'ils jouent mieux que ce qu'ils sont capables... Ils ont un jeu très ambitieux mais face à des jeux de contre, de serrures et de pack, ils ne tiennent pas le coup. On l'a vu aussi contre Castres...
Depuis quand date votre passion du RCT ?
Depuis 1948 et la finale contre Lourdes. J'avais 4 ans, j'habitais sur le cours Lafayette et mon père m'amenait au stade Mayol...
Que faisiez-vous dans le staff du RCT à la fin des années quatre-vingt ?
Je faisais un peu le psy, je faisais le fond du car surtout. J'ai noué des amitiés indéfectibles de type fraternel, avec tous…Champignon, Gallion, Blachères, Diaz, Roux, Jehl, Carbonel Bianchi. C'est devenu des frères. En plus, j'avais déjà un lien très fraternel avec Daniel et la famille Herrero avant même de vivre tout ça !
"Le Président de la République, François Hollande en déplacement dans le Tarn a rencontré les joueurs et l’encadrement du Castres Olympique à deux jours de la finale, il avait notamment notifié que les Castrais étaient ses favoris pour le titre de champion de France. Des paroles qui avaient déplu au président du RCT, Mourad Boudjellal.
Suite à ses déclarations, François Hollande a téléphoné à Mr Boudjellal afin de lui présenter ses excuses. Il semblerait selon Var-Matin que le Président de la République en ait profité également pour inviter les Champions d’Europe à l’Elysée."